A suivre avec la période industrielle...
Le maître pouvait également choisir un autre chemin, il s'assurait des services un dessinateur avec qui il mettait sur le papier sa nouvelle idée pour une boite originale. Le dessin achevé était confié à un modeleur qui réalisait la maquette, puis au fondeur qui confectionnait les pièces primaires ainsi que la ciselure et confiait le tout "au monteur en bronzes" qui faisait l'assemblage final. La boite était ensuite " dorée au feu " c'est-à-dire dorée au mercure. Ce procédé est connu depuis l'antiquité. La pièce doit être parfaitement propre et surtout elle ne doit pas avoir de traces de graisse, elle est donc dérochée à l'aide d'une solution d'acides chlorhydrique, sulfurique et nitrique. Vient ensuite l'application de l'amalgame; pour confectionner cet amalgame l'or est finement "moulu" et mélangé avec le mercure chauffé à environ 200°, d'ou parfois le nom de dorure à l'or moulu. L'amalgame est appliqué sur les pièces à doré et le tout est porté au feu, soit sur un lit de braises, soit dans un four. A 357° C le mercure passe de la phase liquide à la phase gazeuse, donc il s'évapore et il ne reste plus sur les pièces que l'or profondément incrusté dans les pores du métal dilaté par la haute température. Mais la plus grosse partie du travail réside dans la finition de la dorure obtenue, celle-ci est "grattebossée" puis brunie à l'aide d'une pierre d'agate pour donner de la brillance ou du mat dans certains endroits et mettre ainsi le modelé en valeur.
C'est la plus belle qualité de dorure qu'il soit possible d'obtenir, la suprématie de la dorure française a été reconnue par les anglais eux même.
Mais ce procédé est extrêmement nocif; le mercure sous forme de gaz est particulièrement dangereux et des générations de doreurs sont mortes prématurément.
Il n’y a pas d’inventeur de la Pendule de Paris, ce sont les horlogers parisiens regroupés en Corporation qui l’ont conçue, construite et perfectionnée; c’est donc une œuvre collégiale. Elle a été élaborée au cour des réunions informelles de la Corporation qui se tenaient le plus souvent autour d’une bonne table, car les Maîtres étaient le matin à l’atelier et l’après midi à la boutique. Vu le prix élevé de ces pendules, la vente était presque toujours finalisée par le patron. Tout ceci fait que ces artisans se réunissaient de préférence aux heures de repas.
Conçue et améliorée entre le tout nouveau foie gras d’Alsace et le fromage que Marie Marel venait d’inventer dans son village de Camembert, l’ensemble accompagné de bons crus, fait que cette mécanique n’en est que plus sympathique.
Les gros ateliers parisiens, les frères Lepaute, les Martinot, les Baltazar et bien d'autres mettent en chantier des petites séries (une douzaine pas plus) de mouvements qui montés dans des cabinets créés par les meilleurs artistes du moment rencontrent un vif succès auprès de la clientèle haut de gamme. A la veille de la Révolution il y avait 28 ateliers dans Paris qui produisaient des bancs-roulants de pendules. Pendant cette période 1750-1830 il y a eu environ 600.000* mouvements fabriqués tant à Paris qu'en Province. Soit 5 % de l'ensemble de la production.
Durant la période artisanale, le maître horloger commençait par choisir la boite. Pour ceci il consultait un maître artisan, marbrier, bronzier, ébéniste et il décidait quelles boites choisir pour satisfaire sa clientèle. Le Journal de Paris du 4 mai 1810 donne une bonne idée des exigences de cette clientèle:" L'élégance, la mode veulent que la pendule du salon ne ressemble pas à celle du boudoir, et celle de la salle ou l'on mange soit toute différente de celle de la chambre ou l'on couche. Ce n'est pas tout, il faut aussi que dans la maison d'un prélat, les pendules ne soient pas semblables à celles que l'on trouve dans la maison d'un général; il faut que, pour chaque état les pendules aient des ornements caractéristiques. "
Mouvement de la première génération, il n’y a pas d’esse, les rochets sont goupillés. La platine avant à un méplat ce qui empêche le mouvement de rouler.
Dans ces mouvements, les roues sont très fines, les roues de temps, de centre et de moyenne ne sont pas alignées.
Les Maitres horlogers parisiens s'orientent vers un mouvement entièrement nouveau; il n'y a plus de place pour la fusée; le barillet contenant le ressort moteur attaque directement le train d'engrenages. En conséquence l'échappement à roue de rencontre ne peu plus être employé, il a une trop grande l'amplitude ce qui fait qu'il est trop sensible aux variations de la force motrice.
L'échappement à ancre qui a été inventé en Angleterre est sensiblement modifié et adapté à ce nouveau mouvement; il donne entière satisfaction. Couplé avec une suspension à fil de soie, il donne un réglage satisfaisant pour les besoins de la vie civile de l'époque.
Le mouvement était réalisé sous la direction du Maître par ses compagnons. Il se procurait quelques pièces comme les ressorts, les cadrans émaillés, les aiguilles. Au fil du temps il y a dans le quartier du Marais à Paris, des façonniers qui proposent des ébauches de roues, de barillets et autres qui facilite la fabrication et celle-ci s'oriente de plus en plus vers l'industrialisation.
Les rouages sont très fins, les laitons sont polis glace, les aciers sont bleuis unis tous sont de la même couleur. Tous les Maîtres sont d’une rare exigence en ce qui concerne la qualité, d’ailleurs dans les décennies qui vont suivre les horlogers accepteront de sous-traiter la quasi-totalité de leur production mais conserveront la même intransigeance en ce qui concerne le contrôle de la qualité.
En décembre 2017 le musée propose une très belle exposition temporaire sur La Pendule de Paris.
Nous allons profiter de ce sujet pour vous proposer une histoire de la pendule de Paris écrite par Papyclock.
La période artisanale 1750-1830.
Dans les années qui suivirent la mort de Louis XIV l’habitat urbain devint progressivement de plus en plus confortable les pièces le composant furent plus petites, plus intimes. Les fumistes de l’époque ont découvert le moyen de construire des cheminées dont le rendement calorifique était bien supérieur à celui des cheminées des décennies précédentes. Elles seront baptisées plus tard « cheminées capucines », elles sont beaucoup plus petite que les précédentes, elles ne font que 110 a 130 cm de hauteur ; il y a au-dessus de la tablette un plan vertical qui va être occupé par un miroir qui devint de plus en plus indispensable ; les hommes étant aussi coquets que les femmes. L’idée de mettre une pendule sur la tablette n’est pas neuve, mais les pendules Louis XIV, comme les têtes de poupées, cartels ou autres, sont beaucoup trop imposants, il faut des pendules plus petites, le gros mouvement carré de 5 pouces est inexploitable.
Les conseils de Papyclock 3
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